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Le camp d’internés 1914-1919
Le camp d’internés 1914-1919

Dieser Internet-Auftritt verfolgt das Ziel, möglichst viele Informationen über das Internierungslager auf der Ile Longue zusammenzustellen, damit Historiker und Nachkommen der Internierten sich ein Bild von den Realitäten dieses bisher wenig bekannten Lagers machen können - nicht zuletzt auch, um die bedeutenden kulturellen Leistungen der Lagerinsassen zu würdigen.

Le but de ce site est de prendre contact avec les familles des prisonniers allemands, autrichiens, hongrois, ottomans, alsaciens-lorrains... qui ont été internés, pendant la Première Guerre mondiale, dans le camp de l’Ile Longue (Finistère).

les captures en Alsace-Lorraine
Article mis en ligne le 19 octobre 2014

par Daniel

Dans les premiers jours de la guerre l’armée française entre en Alsace-Lorraine et prend des otages parmi les représentants de l’administration allemande : enseignants, magistrats, postiers, cheminots... Mais il suffit parfois d’être « suspect » pour être interné.

Durant ce premier conflit mondial, nos régions de l’Est « Alsace et Lorraine » connaissent des bouleversements, surtout leurs populations. Remontons le temps !
L’Alsace-Lorraine est annexée par l’Empire allemand après la défaite française de 1870 et devient une région sous statut spécial. Les habitants peuvent choisir leur nationalité et beaucoup émigrent vers la France. La germanisation s’effectue rapidement et de nombreux fonctionnaires et enseignants arrivent d’Allemagne. De 1871 à 1914 l’Alsace-Lorraine bénéficie de cette germanisation dans les domaines de l’industrie, de l’agriculture, de l’enseignement, de l’aménagement du territoire, ainsi que des diverses lois sociales allemandes plus avancées que les lois sociales françaises. En juillet 1914, l’Alsace-Lorraine est soumise à un régime de dictature militaire, avec toutes ses conséquences, allant jusqu’à l’interdiction de l’usage de la langue française. L’Allemagne décrète la mobilisation le 1er août 1914 et les réservistes sont rappelés : 220 000 Alsaciens-Lorrains sont incorporés sous les drapeaux allemands.

Le conflit commence dans une région où la population se compose d’Alsaciens-Lorrains nés français avant 1871, d’Alsaciens-Lorrains nés allemands après 1871 et d’Allemands envoyés par l’Empire allemand. Il se traduit initialement par une guerre de mouvement, avec entre autres les difficiles combats du Hartmannswillerskopf (Vieil-Armand, Haut-Rhin). Les troupes allemandes stationnées en Alsace-Lorraine sont surtout composées de régiments badois et bavarois, ainsi que de régiments de réserve composés d’Alsaciens-Lorrains, dont certains en profitent pour se rendre aux Français. Au fil du temps la méfiance s’installe des deux côtés ; les Allemands n’ont plus confiance envers les Alsaciens-Lorrains et les Français récupèrent de nombreux soldats et civils qui ne parlent que l’allemand ou l’alsacien, et très peu ou mal le français. La crainte d’agents allemands infiltrés s’intensifie. L’Allemagne envoie les incorporés alsaciens-lorrains sur le front russe où un certain nombre est capturé. En 1916, la France demande à la Russie un statut spécial pour ces prisonniers dont 5 861 sont ensuite rapatriés en France via Mourmansk. Dans les premiers jours d’août 1914 l’armée française pénètre en Alsace-Lorraine, remporte certains succès comme la libération éphémère de Mulhouse le 8, et capture des otages représentant l’administration allemande : instituteurs, juges, employés des postes, des chemins de fer…

Au bilan, côté français, sur les 65 000 internés dans 153 camps, 15 000 sont originaires d’Alsace-Lorraine. Trois camps spéciaux pour Alsaciens-Lorrains sont d’ailleurs installés à Monistrol-sur-Loire (Haute-Loire), Saint-Rambert-sur-Loire (Loire) et Lourdes (Hautes-Pyrénées). Les internés travaillent dans des usines, dans l’agriculture ou rejoignent l’armée française après avoir reçu un nouveau nom pour le cas où ils seraient faits prisonniers par les Allemands et accusés de trahison. Côté civil, toujours la méfiance. De nombreux civils voulant se réfugier en France sont arrêtés et internés, parfois dans des conditions inacceptables. Un exemple particulier de détenu civil : le docteur Albert Schweitzer (qui recevra le prix Nobel de la paix en 1952), en semi-liberté à Lambaréné (Gabon), à Bordeaux, puis interné avec son épouse à Notre-Dame-de-Garaison (Hautes-Pyrénées), et enfin dans un camp pour Alsaciens-Lorrains à Saint-Rémy-de-Provence. Fin 1916, quatre dépôts de triage sont installés à Besançon, Blanzy (Saône-et-Loire), Fleury-en-Bière (Seine-et-Marne) et La Ferté-Macé (Orne). Il y a peu d’internés militaires car ceux-ci sont principalement capturés sur le front de l’est, hormis en 1918 où certains sont ramenés sur le front de l’ouest pour les dernières offensives.

Au bilan, la majorité des détenus originaires d’Alsace-Lorraine est civile. Ils sont internés soit parce qu’ils résident en France, soit parce qu’ils viennent se réfugier en France, soit parce qu’ils sont pris comme otages. Ils sont détenus dans divers camps à travers la France et certains, par hasard ou en fonction de l’administration, se retrouvent aussi dans les camps du Finistère et à l’île Longue. En octobre 1914, 400 civils alsaciens-lorrains sont envoyés par erreur au couvent de Corbara en Corse.
La majorité est libérée en 1919 et retrouve la nationalité française. L’Alsace-Lorraine a eu au total 380 000 mobilisés, 50 000 morts et 125 000 blessés. Le nombre total de prisonniers militaires ou civils alsaciens-lorrains internés n’est pas connu. Dans l’autre sens, environ 5 000 Alsaciens-Lorrains ont été détenus en Allemagne intérieure. Après l’armistice 220 000 Allemands sont expulsés d’Alsace-Lorraine et certains Alsaciens-Lorrains choisissent l’Allemagne.

La même histoire recommencera en 1939-1945...