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Le camp d’internés 1914-1919
Le camp d’internés 1914-1919

Dieser Internet-Auftritt verfolgt das Ziel, möglichst viele Informationen über das Internierungslager auf der Ile Longue zusammenzustellen, damit Historiker und Nachkommen der Internierten sich ein Bild von den Realitäten dieses bisher wenig bekannten Lagers machen können - nicht zuletzt auch, um die bedeutenden kulturellen Leistungen der Lagerinsassen zu würdigen.

Le but de ce site est de prendre contact avec les familles des prisonniers allemands, autrichiens, hongrois, ottomans, alsaciens-lorrains... qui ont été internés, pendant la Première Guerre mondiale, dans le camp de l’Ile Longue (Finistère).

L’hygiène et la santé
Article mis en ligne le 30 janvier 2013
dernière modification le 15 février 2014

par Didier

Lorsque le préfet du Finistère suggère la création d’un camp de prisonniers sur l’Île longue, en août 1914, il semble faire peu de cas de l’organisation d’un service de santé : « l’évacuation des malades se (fera) sur Brest ». Il est pourtant très vite apparu nécessaire d’organiser ce service de santé sur place. S’agissant d’un camp mixte, de prisonniers de guerre et d’internés civils, géré par le Ministère de la Guerre, c’est à la Marine qu’il incombe d’organiser le service qui pourra, le cas échéant, s’appuyer sur les moyens de la base navale, l’hôpital maritime et la station sanitaire de l’Île Trébéron.

En juin 1916, le service de santé se compose d’un médecin militaire français, secondé par un sergent et quatre infirmiers, et assisté par un médecin auxiliaire, un pharmacien et huit infirmiers allemands. Ces médecins disposent d’une infirmerie installée dans les casernements du vieux fort et composée de quatre salles, soit un total de soixante-trois lits, et d’une baraque installée dans la douve dudit fort. Un poste de secours est également installé à l’intérieur du camp.

L’offre de soins est complétée par un service de soins dentaires assuré par un dentiste breveté français qui se rend au camp une fois par semaine, et qui est assisté de deux dentistes prisonniers. « Il n’y a pas de dentiste dans la presqu’île de Crozon… Je dois d’ailleurs signaler que depuis la mobilisation, les malades se font soigner les dents un peu partout par les médecins de la région non mobilisables. Nos populations ne sont donc guère plus favorisées que les internés des camps de concentration qui ont également la possibilité de se faire soigner par le médecin chargé du service médical dans chacun des camps » écrit le préfet le 2 novembre 1915. Il a donc dû rechercher un dentiste à l’extérieur de la presqu’île de Crozon, ce qui entraîne des coûts supplémentaires. Le service dentaire va en fait s’appuyer essentiellement sur les dentistes allemands. En janvier 1917, moyennant rétribution mensuelle de 50 francs, deux dentistes, Wilhelm Heinrich Leist et von Gregory, sont chargés des soins dentaires à donner aux internés de l’Île longue, mais aussi à ceux de Lanvéoc, Crozon et Kerbénéat (Plounéventer). Seul von Gregory est dentiste diplômé. W.H. Leist ne l’est pas, bien qu’il administre ces soins dans le camp depuis deux ans. Ils sont secondés par deux assistants, Fischer et Hancke. Le départ de l’un de ces internés est bien sûr susceptible de perturber gravement le fonctionnement du service, comme ce fut le cas à Lanvéoc, en juillet 1916, lors du départ de l’interné Ramsperger.

Le transfert du camp au Ministère de l’Intérieur, en juillet 1916, aurait dû s’accompagner d’une réorganisation du service de santé, mais le préfet ne trouve pas de médecin civil pour assurer ce service. « La pénurie de praticiens civils est telle que le service médical du canton de Crozon, dans lequel se trouve l’Île longue, est exclusivement assuré par des médecins militaires » (2 août 1916). Le préfet se voit donc contraint de solliciter un médecin militaire pour assurer le service médical au camp au profit des internés, mais aussi des soldats de la compagnie de surveillance. Le problème se pose également pour les hospitalisations à Brest. L’hospice civil aurait dû succéder à l’hôpital maritime, mais cela aurait nécessité d’organiser une surveillance pour les internés hospitalisés alors même que l’hôpital maritime est gardé militairement et offre par conséquent toutes les garanties en terme de surveillance. En avril 1917, on apprendra cependant qu’il ne s’agissait là que d’un accord tacite.

Un an après le transfert du camp à l’autorité civile, dans le souci de pouvoir réduire le personnel de surveillance, les militaires décident, sur le budget de la Guerre, du déplacement de l’infirmerie à l’intérieur du dépôt. Il est envisagé de la placer dans la partie sud du camp, à distance des autres baraquements. Le choix se porte sur une baraque Adrian comportant une salle de visite pour le médecin, une tisanerie et une pharmacie pour les infirmiers, une salle (20 lits) pour les malades, une salle (20 lits) pour les fiévreux et une salle (10 lits) pour les contagieux.

L’approvisionnement en produits pharmaceutiques s’avère difficile. « Je te fais savoir que toutes les dépenses de médicaments, objets de pansement, ouate, etc… pour l’infirmerie d’ici, nous sommes obligés de les supporter nous-mêmes, c’est pourquoi la haute volée d’ici devait organiser une journée de bienfaisance au profit de l’infirmerie. A la dernière heure, elle a été interdite » se plaint l’interné Reinauer dans un courrier clandestin à sa mère le 5 juillet 1915. « Peut-être la Croix-Rouge de chez nous pourrait-elle m’envoyer éventuellement des objets de cette sorte ». Ce sera d’ailleurs chose faite quelques semaines plus tard. Le 23 novembre 1915, la Croix-Rouge allemande a effectivement fait livrer deux caisses de pansements et de médicaments au camp de l’Île longue. Il est toutefois recommandé d’en confier la manutention et la distribution à une personne compétente puisque certains médicaments (opium, morphine, laudanum…) ne peuvent être administrés que sous le contrôle d’un médecin. Pour l’administration des camps, le prix des médicaments est élevé à Crozon, aussi le chef du dépôt de Lanvéoc proposera l’achat d’un certain nombre de médicaments à Brest et leur préparation à la pharmacie de son camp par un docteur interné, préparateur en pharmacie.

La Croix-Rouge internationale, comme l’Union chrétienne des Jeunes Gens, la Légation Suisse et l’Ambassade des Etats-Unis maintiennent la pression afin que les internés des pays en guerre reçoivent des soins appropriés. La Suisse se montre particulièrement active et, régulièrement, des commissions médicales franco-suisses visitent les camps en vue d’identifier les prisonniers susceptibles d’être rapatriés ou d’être internés en Suisse en raison de leur état de santé, de leur âge, de leur infirmité… Ainsi, en janvier 1916, on identifie, à l’Île longue, vingt-trois hommes de plus de 55 ans et quatre autres, âgés de 17 à 55 ans, mais inaptes au service militaire, susceptibles d’être rapatriés. En novembre de la même année, 1100 internés, sur les 1794 que compte le camp à cette date, demandent à passer devant la commission franco-suisse composée de deux médecins suisses et d’un médecin français. Il y aura beaucoup de déceptions, d’espoirs évanouis.

En dépit des soins apportés par le service de santé, certains internés décèdent pendant leur captivité. Un état du 25 février 1920 évoque vingt-deux décès dans le camp de l’Île longue, mais une autre liste datée du 6 août 1919 mentionne vingt-neuf noms. De notre côté, nous en avons identifié trente, auxquels il faut probablement ajouter quelques soldats morts alors que le camp se trouvait sous gestion militaire. En fait, les internés civils décèdent rarement dans le camp, mais plutôt lors de leur séjour dans les hôpitaux, principalement de Brest. On relève cependant un décès dans l’Allier, un autre à Morlaix, un à Quimper, un sur l’île Trébéron et un dernier à bord du Charles Martel, cuirassé désarmé servant de ponton. Seuls deux internés civils décèdent à l’Île longue, Aziz Feizullah, mort le 28 avril 1917, et Karl Johann Nawitzki. Ce dernier est abattu par une sentinelle le 16 juin 1919. Ce soir là, sept ou huit internés insultent la sentinelle qui leur ordonne de rentrer se coucher. Après une ultime provocation, le soldat excédé finit par tirer en direction de la baraque 52. Frantz Scheiding, un des provocateurs, est blessé à l’épaule droite, mais la balle poursuit son chemin, traverse une cloison et tue Karl Nawitzki, assis sur son lit. Ce type de blessure demeurera rare dans l’histoire du camp. Citons cependant Walter Magdeburg blessé d’un coup de baïonnette à l’estomac, heureusement pour partie paré par la valise qu’il portait, par une sentinelle lors de sa tentative d’évasion le 28 août 1919. Lors de son interrogatoire, il précisera que plusieurs internés demandaient à passer une visite médicale devant un spécialiste à l’hôpital pour tenter de s’évader lors de leur séjour à Brest. Frantz Scheiding et Walter Magdeburg y seront soignés de leurs blessures.

Au total, 135 internés civils passent par les hôpitaux de Brest depuis le 28 septembre 1915 jusqu’au 7 octobre 1919. On relève des cas de rhumatisme, de paludisme, de syphilis, de tuberculose pulmonaire, de sinusite, de délirium, d’hémorroïdes, des troubles mentaux, de l’eczéma chronique, des fractures, des bronchites, de la typhoïde…

Le dernier médecin militaire du dépôt, le docteur Valensin, quitte ses fonctions par suite de sa démobilisation, le 22 avril 1919. Il aura eu à gérer l’épisode de la pandémie grippale dans le camp. Il est remplacé dans ses fonctions par le docteur Donnard, de Crozon, moyennant une indemnité mensuelle de 200 francs.

Pour en savoir plus :

  • Didier CADIOU, « Les derniers mois du camp d’internement de l’Île longue », Avel Gornog, n° 18, Crozon, juillet 2010, pp. 34-50.

Les détenus décédés pendant leur captivité ont été souvent inhumés au cimetière Kerfautras de Brest, dans le carré numéro 31 :

  • Edmund ALSCHER, décédé le 30 mars 1919, à l’hospice civil de Morlaix, lieu d’inhumation inconnu,
  • Georg BRAUN, décédé le 24 février 1919, à l’hôpital de l’arsenal de Brest, inhumé à Kerfautras,
  • Jevrem CERNOJAKITCH, décédé le 6 mars 1919, à l’hôpital de La Palisse (Allier), lieu d’inhumation inconnu,
  • Mustapha EMIN , le 28 mars 1919, à l’hôpital de Brest, inhumé à Brest,
  • Peter ESSER, décédé le 22 janvier 1919, à l’hôpital de Brest, inhumé à Kerfautras,
  • Aziz FEIZULLAH, décédé le 28 avril 1917, à l’infirmerie de l’Ile Longue, inhumé à Brest,
  • Jean FUCHSLUGER, décédé le 23 janvier 1919, à l’asile de Quimper, inhumé à Quimper,
  • Albert FUNKE, disparu le 2 janvier 1917, le corps n’a jamais été retrouvé,
  • Karl GRIERSHAMMER (ou GRIERSLAMMER), décédé le 28 août 1919, à l’hôpital de Brest, inhumé à Kerfautras,
  • Erich HAERTEL, décédé le 7 décembre 1918, à l’hôpital de l’arsenal de Brest, inhumé à Kerfautras,
  • Franz HOLZMANN, décédé le 26 novembre 1918, à l’hôpital de l’arsenal de Brest, inhumé à Kerfautras,
  • Valentin KALUZA, décédé le 26 août 1915, à l’Ile Longue, lieu d’inhumation inconnu,
  • Anton KORFF, décédé le 6 septembre 1916, à l’hôpital de l’arsenal de Brest, inhumé à Kerfautras,
  • Hans, Carl LAGEMANN, décédé le 28 novembre 1918, à l’hôpital de l’arsenal de Brest, inhumé à Kerfautras,
  • Friedrich LEY, décédé le 18 novembre 1917, à l’hôpital de l’arsenal de Brest, inhumé à Kerfautras,
  • Wilhelm LÖWENSTEIN, décédé le 8 décembre 1918, à l’hôpital de l’arsenal de Brest, inhumé à Kerfautras,
  • Emil MASURATH, décédé le 18 septembre 1919, à l’hôpital de Brest, inhumé à Kerfautras,
  • Karl, Johann NAWITSKI, décédé le 16 juin 1919, à l’infirmerie de l’Ile Longue, inhumé à Crozon,
  • Andreas NEMETH, décédé le 1er août 1918, à l’hôpital de Brest, inhumé à Brest,
  • Kurt NEUHAUS, décédé le 14 novembre 1914, à bord du « Charles-Martel », en rade de Brest, inhumé à Kerfautras,
  • Roger PANGRAZZI, décédé le 16 juin 1919, à l’hôpital de l’arsenal de Brest, inhumé à Kerfautras,
  • Hugo PITSCHKE, décédé le 19 décembre 1916, à l’hôpital de l’arsenal de Brest, inhumé à Kerfautras,
  • Heinrich PROBST, décédé le 7 janvier 1915, à l’hôpital de Brest, inhumé à Brest,
  • Theodor ROMBAUER, décédé le 25 janvier 1917, à l’hôpital de Brest, inhumé à Brest,
  • Todor ROSTAR, décédé le 1er juin 1915, à l’hôpital de l’île de Trébéron, lieu d’inhumation inconnu,
  • Paul SCHALLERT, décédé le 26 août 1915, à l’hôpital de l’île de Trébéron, lieu d’inhumation inconnu,
  • Hugo SCHLÜTER, décédé le 4 décembre 1918, à l’hôpital de l’arsenal de Brest, inhumé à Kerfautras,
  • Paul SIETZ, décédé le 2 décembre 1918, à l’hôpital de l’arsenal de Brest, inhumé à Kerfautras,
  • August SOHN, décédé le 3 décembre 1918, à l’hôpital de l’arsenal de Brest, inhumé à Kerfautras,
  • Adam STAUTZ, décédé le 13 février 1918, à l’hôpital de Brest, inhumé à Brest,
  • Diedrich TODSEN, décédé le 3 décembre 1918, à l’hôpital de Brest, inhumé à Kerfautras,
  • Sebastian TRENN, décédé le 4 novembre 1914, à l’hôpital de Brest, inhumé à Brest,
  • Gustav WÜST, décédé le 8 décembre 1918, à l’hôpital de Brest, inhumé à Kerfautras.
Friedhof Kerfautras, Brest

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Friedhof Kerfautras, Brest

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Die 31. Abteilung, Kerfautras, Brest