Nos tentatives de prendre contact avec les familles des anciens prisonniers du camp de l’Ile Longue n’ont abouti que dans de très rares cas. Et l’une des causes pour lesquelles nous considérons Christian Barth comme « prisonnier particulier » est justement le fait que sa fille, Mme Margret Ullherr de Lauf en Bavière (« Moyenne Franconie », pour être précis) a bien voulu répondre favorablement à notre demande de renseignements. C’est grâce à Mme Ullherr que nous avons pu répondre à cette question, aussi banale que cruciale : quelles sont les voies du destin qui font qu’un citoyen d’une petite ville de la « Moyenne-Franconie » en Bavière échoue dans un camp de prisonniers sur l’Ile Longue ?
A cet endroit, nous tenons à exprimer, une nouvelle fois, notre grande gratitude à Mme Ullherr pour sa générosité et sa gentillesse à notre égard.
Si les documents conservés aux archives départementales, et notamment la fiche individuelle de renseignements (cote 9 R 94), fournissent certains éléments de la biographie de Christian Barth, d’autres nous ont été communiqués par sa fille.
Voici un résumé de cet étonnant parcours.
• 21 janvier 1894, naissance à Lauf.
• Scolarité à Lauf et Nuremberg.
• Formation commerciale et premier emploi à Lauf.
• Depuis 1913, employé commercial dans la filiale espagnole (Siemens-Schuckert – Industria Electrica) de la Société Siemens, à Madrid.
• Quand la guerre éclate (le 3 août 1914), Christian Barth décide de « rejoindre la patrie pour la défendre » (Lettre de Mme. Ullherr, du 22 janvier 2010).
Pour ce faire, il n’a d’autre choix que de s’embarquer pour un port d’Italie.
• Le 1er janvier 1915, il est fait prisonnier au large de la Sardaigne (Golfo d’Aranci) à bord du bateau italien « Principessa Isabella ». Christian Barth confirme cet événement dans une lettre depuis Bizerte à ses parents , le 3 janvier 1915, où il écrit :
« Pendant le trajet sur un bateau italien, de la Sardaigne vers la terre ferme, j’ai été fait prisonnier, le 31- 12-1914 à minuit. Ne vous faites pas de soucis, parce que nous sommes bien nourris, avons de bons couchages et sommes bien traités. »
• Le 02 janvier 1915, il est affecté au dépôt de Gafsa (Tunisie), transféré le 29 septembre 1915 à Porto Farina (Tunisie) et le 28 mai 1916 au camp d’Uzès.
• Le 22 août 1916 il arrive enfin au dépôt de l’Île Longue.
• Le 20 octobre 1919, rapatriement.
Quelle vie mène-t-il au camp de l’Ile Longue, pendant la période de plus de trois ans qui le sépare de son rapatriement, le 20 octobre 1919 ? Nous en savons très peu, malgré plusieurs lettres écrites de sa main dont nous avons la chance de disposer. Même si, dans ces lettres adressées à ses parents, il parle à peine de ses occupations et nous apprend peu de choses sur la vie du camp, il s’agit là de documents originaux et parfaitement authentiques qui, en tant que tels, valent bien d’être traduits et reproduits in extenso (voir ci-dessous).
Pour d’autres informations plus détaillées voir l’article : « Christian Barth, prisonnier de guerre civil allemand du camp de l’Ile Longue, de 1916 à 1919 », paru dans « Avel Gornog » n° 18, juillet 2010, par Christophe Kunze